Le Talandra
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Forum de la guilde RP Le Talandra, Navire marchand des mers d'Azeroth, sur le serveur Kirin Tor du MMORPG World of Wacraft.
 
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 Souvenirs de vacance

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Sybille Pélerin

Sybille Pélerin


Messages : 26
Localisation : Forgefer

Feuille de personnage
Classe: Chasseur
Sexe: Femme
Peuple: Nain

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MessageSujet: Souvenirs de vacance   Souvenirs de vacance EmptyMer 22 Mai - 4:27

Quand elle ouvrit les yeux pour la troisième fois, elle était presque devenue une congère dans le paysage. Devant elle, le feu dansait, se couchait, crachait contre le vent. De la neige s'était collée en paquet à ses cheveux, et si sa face restait encore vaguement tiède grâce au rayonnement des flammes, son dos était raide comme un cadavre. C'était une sensation nouvelle ; douloureuse, mais inédite. Ce sentiment d'être à moitié mort sur l'axe vertical ; du talon, des mollets, des reins, de la nuque, de l'arrière du crâne, et de sentir palpiter paresseusement le reste de son corps.
« Crève-pas gelée, Carmin. C'est ta relève ».
Le maître-montagnard Hulbercht avait décidé de l'appeler ainsi, depuis qu'il l'avait prise sous son aile, et rien ne le ferait changer d'avis. Droit dans ses bottes dans un blizzard mortel, les mains sur ses hanches, il la regardait se lever d'un œil presque paternel.
« C'est ça, du nerf », la nargua-t-il gentiment. « Que j'puisse me pionce un peu ». Elle se leva avec difficulté, endolorie et grelottante, s'emmitouflant comme elle le pouvait dans sa cape de fourrure. « Ca fait le cuir », disait Hulbercht.


Elle rouvrit les yeux pour la première fois, essuyant l'eau qui coulait de ses sourcils d'un revers de main. Devant elle, le feu dansait, se couchait, crachait contre la pluie. Ses cheveux collaient à ses joues crasses, elle avait le dos penché et endolori sur l'objet de sa convoitise. Entre des fougères, elle avait trouvé, à moitié rebouché par la boue, un terrier creusé par un ver-ectocherche. C'est comme ça qu'elle avait fini par les appeler, ces vers élémentaires qui bouffent le minerai pour quatre heure et le chient en lingot à minuit. Elle se sentait encore fatiguée, et sa blessure lui tirait la peau du bide, mais l'appât du gain était plus fort. Ils ne resteraient pas longtemps en Pandarie et elle ne voulait pas laisser filer une once d'ectofer autour de Sri-La.
« Crève pas noyée, Carmin, c'est pas ton heure ».
Elle se grommela cette injonction de courage, pour se décider à plonger dans le trou les bras devant. L'eau ruisselait le long de ses flancs alors qu'elle avançait en rampant dans l'antre de la bête. Régulièrement, éclairée par sa maigre torche, elle décelait la lueur d'une pépite d'ectofer qu'elle glissait, de son mieux, au fond de sa besace avant de continuer sa progression.
« C'est ça, du nerf, allez », marmonna-t-elle. Comme elle l'espérait, ce tunnel avait une fin : il rejoignait une petite grotte, où perçait la lumière du jour par on ne sait-où. De l'eau gouttait en fin ruisseau et disparaissait dans une rivière souterraine. La cave était assez large pour accueillir un tauren debout, à condition qu'il se tienne tranquille, et elle décida de s'installer ici en attendant de repartir.

A ses pieds, un rocher de glace, formé par les vents, et dessous, rien. Rien sur des centaines de mètres. En bas, tout tout en bas, si ce n'était pas un mirage, il y avait les portes de Forgefer. Elle releva vivement les yeux ; bien qu'elle ait le vent contre elle, Sybille avait l'horrible impression qu'une main pourrait la précipiter vers le sol d'une simple pichenette. Il allait faire jour. Les nuages, au loin, bleuissaient, et les étoiles nimbées de brume se fondaient dans l'aurore. L'horizon était découpé comme une fissure minérale, en pics noirs et en cols sinueux, fermant l'enclave montagneuse du Dun Morogh. Elle les voyait comme des bras, fermés sur sa cité, et les reliefs comme autant de doigts repliés vers l'intérieur, la protégeant de tout. Des bras de Titans ; au moins ! ; qui la gardaient de tout danger. Elle, et les autres.
Ils étaient neuf, coincés sur ce pic rocheux, lovés dans une alcôve de pierre granite, frappés par les rafales comme par autant de gantelets en métal.


A ses pieds, des trilobites apeurés fuyaient dans des alcôves, alors que la naine faisait flamber son alcool pour le réchauffer. A plusieurs reprises, elle avait jeté un coup d'oeil à ces ouvertures idéales pour voir sur quel paysage elles pouvaient bien donner. Mais la lumière du jour lui arrivait biaisée, et l'eau qui s'en écoulait ne l'aidait pas. Plusieurs fois, elle trébucha sur de petites miettes d'ectofer. Après avoir séjourné ici, le ver avait du creuser sa sortie par là, et il était assez large pour lui offrir un accès. Une aubaine ! Assise dans sa caverne, Sybille se mit à chantonner une comptine naine. La pluie s'était calmée, et si elle en entendait encore le crépitement clair, c'était surtout sa propre voix qui lui revenait, chargée de sons minéraux. Elle était seule, lovée dans une alcôve de pierre granite, bercée par la terre comme par une mère nourricière.


Toutes les heures, c'était la relève. Il n'y avait rien à surveiller, sinon l'horizon blanc, mais c'était là tout l'exercice. Pour pouvoir noter ses recrues, Hulbercht restait éveillé toute la nuit, lui, et parcourrait les quatre lieues de descente précaire le lendemain sans lâcher un juron. Il s'assit sur son caillou, accoudé à son fusil, et grignota pensivement un morceau de bœuf sec.
Sybille ne connaissait pas vraiment l'origine de ce sentiment, elle essayait de lui donner un nom. De la fierté ? Sans doute. Il en fallait, pour se dresser en égale face à cet océan de pierre et de glace qu'elle nommait « chez moi ». Comme elle aimait bien le faire, elle laissa sa peau se brunir, et courir de maigres marbrures blanches à la place de ses veines. Ses cheveux se figèrent dans une ondulation de bannière au vent, et tout son corps devint une pierre brute au cœur battant. Ses pieds étaient solidement ancrés dans la neige, et même au dessous ; elle sentait palpiter la roche, respirer la terre. Elle était la terre. Elle se mouvait avec une grande lenteur, doucement engourdie par la magie, et se laissait bercer par les amples souffles du vent matinal.
Lorsqu'une main ferme se posa sur son épaule, le sort s'évanouit. Le sang afflua de nouveau au creux de ses veines, et comme une source qui vomirait brutalement son eau après un orage, elle sentit leur paroi encaisser le choc. Ses tresses rousses retombèrent sur ses épaules, et à nouveau, elle fut gelée, et seule.


Elle ne ressentit pas le besoin de bouger, au contraire. Elle laissa sa peau se brunir, et courir de maigres marbrures blanches à la place de ses veines. Ses cheveux se figèrent paisiblement sur ses épaules, et tout son corps devint une pierre brute au cœur battant. Ses pieds étaient solidement ancrés dans l'eau, et même au dessous ; elle sentait palpiter la roche, respirer la terre. Elle était la terre. Elle ne se mouvait pas, assommée par la magie, et se laissait endormir par les râles du vent estival.
Et une voix surgit des ténèbres paisibles où elle s'était assoupie. Une voix de tonnerre, de père du courroux, les vibrations mâles d'un protecteur inconditionnel. Alors que lui bondissait à la face l'image d'un ours, la voix tonna sans parler ; mais elle comprit. Elle lui hurlait l'injonction de saisir sa seconde chance.
Brutalement, le sang afflua de nouveau au creux de ses veines, et comme une source qui vomirait brutalement son eau après un orage, elle sentit leur paroi encaisser le choc.


Et à nouveau, elle fut gelée, et seule.
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